La Rue Lecourbe

La Rue Lecourbe

A des pas très souples

Et la peau très douce

Dieu pourtant

Que cette rue est vilaine

Tous mes poils hérissés

Sous le frisson de la haine

Quand j’entends susurrer

Ce mot aux lèvres fourbes

Rue Lecourbe

L’honneur se cabre

Les hommes rangent leurs sabres

Et le cheval la queue entre les arbres

S’enfuit très loin

Là où pas même le soleil

Ne pourra le rattraper

Celui qui sourit de biais

N’attrape jamais la mort

Par les pieds

Rue Lecourbe

J’y laisse des illusions

Comme des écailles de serpent

La mue des désirs et des regrets

Des choses à moitié faites

Pèle sur le trottoir

À chaque pas c’est l’abattoir

Du blues coupé en

Tout

Petits

Bouts

Qui boitent

boitent

boitent

Rue Lecourbe

Un fœtus aveugle pleure

Dans le caniveau

Oublié des cannibales

Abandonné pour deux balles

What a strange fate !

Mais la fête

Morte-née

A toujours des prétendants

À sa main d’ivoire

Il n’y a que des bagues noires

Ah !

Rue Lecourbe

Voici pour maquiller

Ta trouée grise

Le cerne de mes aveux

Et le fard de tous mes trop-tard

Le vernis des sans-permis

L’horizon sans fin qui défile

Les gens qui dérivent

L’amour au désespoir

La nuit au cigare

L’orage et ses cuites

Où j’ai perdu mes voiles

La Rue Lecourbe

A la peau très douce

Et les pas très souples

Dieu pourtant

Que cette rue m’a eue

Rue Lecourbe

Le monde est sans dessus sans dessous