Poèmes esseulés

Poèmes esseulés et solitaires,

Feuillets pêle-mêle,

Prose poétique sans pose, 

Ecrits au gré de mes envies.

  • Je veux un garçon aimer

    Je veux un garçon aimer Dans mes bras l’emmener Maints baisers lui prodiguer Et la mort narguer Car il me rend folle Ce garçon aux yeux de biche
  • À l'heure où...

    À l’heure où mon voisin fume sa beuh Nous tombons tous deux À Moureux Pas loin de Montreux Où les vaches se galochent à deux
  • Les champignons de Paris

    Un jour on m’a dit Que les champignons de Paris Ne poussaient pas dans la forêt Ni dans la sombre humidité D’un timide bosquet
  • I miss you dear

    I miss you dear In a way I couldn’t guess You were my love, my mess And all my summer regrets
  • À ta rencontre

    À ta rencontre J’ai perdu le compte De toi + moi Qui font un, deux, trois Mille et l’oméga
  • Sous la douche les mirages

    Le tuyau de douche Suspendu comme un gibet Dans la salle de bain Que rien n’éclaire A des allures mortifères
  • La Rue Lecourbe

    La Rue Lecourbe A des pas très souples Et la peau très douce Dieu pourtant Que cette rue est vilaine Tous mes poils hérissés Sous le frisson de la haine
  • Messieurs-dames

    Messieurs-dames ! Bienvenue au spectacle De mon encre au méthane Vous y verrez Que je déteste le monde Et ses mélodrames
  • Je me barre

    À de grandes encablures de la mer Les marins ont mis leur pull À l’envers Les mouettes piquent les moutons Les mousses ont perdu leur savon
  • Si j'étais un homme

    Si j’étais un homme, Sobrement vêtu, J’irai par les rues, Croquant une pomme Le pied flâneur, l’œil rieur.
  • Notre amour sur pointes

    Je suis un homme seul sur scène : J’étale le corps de l’arène, Cabriole sur le sol en vrille, Étoile les planches qui brillent.
  • Les escaliers de Gizeh

    Je suis au rez - de – chaussée ; je Ne veux pas perdre le jeu ; Après un pied- de- nez, je monte Les escaliers de Gizeh. Comme Pharaon, je décompte : 1000 crocodiles sous mes pieds 7 bras du Nil à m’en lasser Ramsès I, II, III, dans mes bras !
  • La plaque à induction

    Je suis, ou je ne suis pas, la plaque à induction. Très timide, une fois sur deux je rougis, et le reste du temps je suis livide. Je suis, ou je ne suis pas, la plaque à induction.
  • Mes lèvres sont rouges comme le I de Rimbaud

    Mes lèvres sont rouges comme le I de Rimbaud Elles disent tous les secrets des portes closes Crachent le sang des ecchymoses et recomposent Ce monde qui fume et brûle de bas en haut
  • Mes nuits élastiques

    Mes nuits blanches s’allongent, élastiques : Bulles, bras et jambes qu’on étire ; Même les secondes semblent s’agrandir Comme du chewing-gum qu’on mastique. Le tissu mou de mes nuits fantastiques S’orne de chimères et de satires, De sirènes en demi-soupir Qui se flétrissent sans symétrique.
  • Mes amours masculines

    Mes amours masculines Au pluriel se déclinent À 1, 2, 3 s’acoquinent En file je les aligne Et des parallèles je dessine Entre leurs corps sur le ring
  • Un harmonique pour deux

    Ce que j’aime chez toi C’est ta jolie voix Qui s’enroule autour de mes doigts Me cajole à staccata Et me caresse à capella Tu souris tout bas Quand elle dessine des soupirs sur mes bras Et des clés de sol sur mon col
  • Mon cerveau est un arbre

    Mon cerveau est un arbre Tissé de feuilles et de lobes Qui font le tour de mon globe Et parlent mille palabres Toujours à reculons Mes idées avancent à saute-mouton Des racines jusqu’au cortex Le réseau de mes ramifications A ses portes de traverse Et ses chemins qu’on vexe
  • Deux bébés blonds

    Deux bébés blonds Dans l’eau faisaient des ronds Légers comme des bulles de champagne Au ciel ils montaient sans compagne Car sur terre j’étais restée Tandis qu’ils s’envolaient
  • Mes poèmes n'aiment pas Instagram

    Mes poèmes n’aiment pas Instagram Ni le vent qu’on sème dans ce vacarme Mes poèmes à l’oreille chuchotés Préfèrent qu’on s’aime sans chahuter
  • Crépuscule

    C’est si délicieux de t’avaler, Jour. Ça réchauffe, ça pétille. Ça coule dans la gorge comme un alcool. Ça brûle, ça se débat tout du long, ça explose. Jour croit toujours qu’elle peut me résister. Mais je suis plus patient qu’elle. Je suis plus doux. À la douceur rien ne résiste.
  • Si une droite affine

    Si une droite affine Passe toujours par l’origine On ne sait en revanche Où termine sa course blanche Égarée sur le carrelage du papier Échouée au détour de quatre quadrillés Elle traverse d’ordonnée en abscisse Le cosmos de ma page
  • Un ascenseur un jour

    Un ascenseur un jour Me posa la question de ma destination Je répondis sans détour Que je voulais visiter L’Enfer et ses tropiques La Jungle et ses cités Les mers froides de l’Arctique Voir au fond de moi-même Ce fauve qui dormait Ce « Je t’aime » Qui toujours me désarmait
  • Mots sad

    Maussade Mes mots sont sad, sad, sad J’en fais des étoiles de papier À suspendre par les pieds Pour voir s’ils ont le tournis Et le vertige de la perspective Parfois je les invective
  • Une petite fée au fond d'un verre

    Une petite fée au fond d'un verre était tombée. Elle crut d'abord s'être noyée dans la Voie Lactée: Les bulles comme des comètes autour d'elle fusaient, Le ciel fronçait son front nébuleux, Les flots froissaient ses yeux, Le dôme liquide tremblait d'averses, Et l'eau la serrait comme une presse.
  • Je suis une bouteille de vin

    Je suis une bouteille de vin Cou étiré Bouche en cul de poule Étouffée par un pansement de liège Au fond de ma cage de verre Gît mon cœur liquide Mare de sang immobile.
  • D'un revers de la main

    Si je pouvais mettre fin à mes jours d’un revers de la main D’un simple revers de la main Du tranchant des mots, j’ouvrirais ma gorge en deux et ma tête alors pencherait selon un axe étrange Et tout le sang coulerait à flots Rouge comme une mer de vin.